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Voitures électriques : pour le déploiement massif de recharges rapides

24 janv. 2022

À l’heure où la croissance du nombre de véhicules électriques explose, il est urgent d’œuvrer dans le sens d’une infrastructure de recharge performante. Aurélien de Meaux partage son opinion dans une tribune parue sur Les Echos, le 25 Janvier 2022. Déployer des milliers de bornes de recharge, oui, mais quel type de bornes ? La question de la fiabilité et de la vitesse de recharge de ces bornes est cruciale. À l’heure où la croissance du nombre de véhicules électriques explose, il est urgent d’œuvrer dans le sens d’une infrastructure de recharge performante. Après les "early adopters", si on veut massifier l’adoption du véhicule électrique, il faut rendre la recharge rapide et simple à utiliser.

La transition vers le tout électrique que nous vivons actuellement est très certainement la plus grande transformation industrielle de l’histoire depuis l’avènement du véhicule thermique. L’ensemble du secteur automobile et de ses sous-traitants est en train de basculer. En 2021, 7,7 % des véhicules vendus en France étaient 100 % électriques et nous estimons que cette part de marché sera de 80 % en 2030. Les véhicules électriques représenteront alors 15 à 25 % du parc.

Les automobilistes sont dans les "starting blocks" et c’est une très bonne chose. 96 % des utilisateurs de véhicules électriques et hybrides rechargeables se déclarent satisfaits de leur achat*. En revanche, 68 % d’entre eux sont insatisfaits des bornes de recharge accessibles au public. La principale source de mécontentement est le dysfonctionnement ou la panne des bornes, quand ce n’est pas leur inaccessibilité, en raison par exemple de la présence d’une voiture garée sur l’emplacement réservé à la recharge.

La qualité de l’infrastructure de recharge occupe donc une place centrale au cœur de cette révolution du tout électrique. La rupture technologique qui est en train de s’opérer est identique à celle que la société française a connue dans les années 1990 avec le déploiement de l’ADSL et de la 3G. Il s’agissait alors de créer une infrastructure nationale et un maillage aussi fin que possible du territoire afin que chaque citoyen puisse bénéficier des progrès réalisés dans le secteur des télécoms.

L’État a pleinement joué son rôle, les industriels ont traîné des pieds

Dès 2015, la Loi relative à la transition énergétique a posé de solides fondations. Le programme ADVENIR, finance quant à lui, le déploiement de bornes de recharges sur tout le territoire pour un objectif de 100 000, fixé par le gouvernement. Le développement des Zones à Faibles Émissions (ZFE) par les collectivités a lui aussi un impact non négligeable. Plus loin encore, L’Union européenne brandit la menace de l’interdiction des véhicules thermiques dès 2035.

Mais beaucoup de temps a été perdu, en raison notamment de la lenteur des constructeurs automobiles à prendre le virage de l’électrique ou l’existence de modèles proposés inadaptés au marché, car trop chers. Aujourd’hui, la courbe est inversée et les chiffres sont là : 17 000 immatriculations de véhicules électriques enregistrées en septembre 2021 (près de 13 % des ventes).

Le sujet n’est pas le nombre de bornes, mais le nombre de voitures qu’on recharge

La course à la borne n’est pas une fin en soi. Pour emporter l’adhésion d’un maximum d’automobilistes, deux critères doivent être impérativement respectés : les bornes doivent tout d’abord être rapides, et elles doivent être fiables. Le principal enjeu lié à l’infrastructure de recharge est le déficit de crédibilité des installations. Avec 20 ou 25 % de bornes qui ne fonctionnent pas aujourd’hui sur le territoire, les utilisateurs sont confrontés à une véritable loterie qui peut, dans certains cas, tourner au cauchemar.

Les prévisions de déploiement nécessaire de bornes publiques font état de centaines de milliers de bornes à horizon 2030 pour environ 7 à 8 millions de voitures électriques. En tirant le trait, cela reviendrait à installer des millions de bornes à terme à mesure que le parc grandit. Cela semble assez peu réaliste, car cela demanderait une empreinte foncière énorme, une qualité incertaine du fait de la maintenance d’une telle quantité de bornes. Il semble donc plus raisonnable d’installer moins de bornes, mais des bornes rapides qui permettent de recharger plus de voitures.

Mettre l’utilisateur au cœur de la machine

L’enjeu est aussi de proposer un parcours utilisateur à la hauteur des attentes, c’est-à-dire excessivement fluide et simple. Dans un premier temps, les choses vont se jouer autour de l’innovation en matière d'expérience client. Dans le secteur de la mobilité, toutes les innovations intervenues ces dix dernières années ont un point commun : une application mobile simple qui facilite la vie.

Cette dernière doit permettre, entre autres services, de réserver sa borne, de suivre l’état d’avancement de la recharge, de l’arrêter ou de la reprendre, et bien entendu, de payer sa session de charge.

Viendra ensuite le temps du service associé à la recharge. L’idée étant de proposer des moments de distraction, de repos et de restauration pendant le temps de la recharge (shopping, café, lecture, audiovisuel) en fonction du lieu et de l’horaire de stationnement. Le temps de recharge doit devenir à terme un temps de détente et de confort et non plus de stress et de contrainte.

Ces conditions remplies permettront une adoption franche et massive du véhicule électrique en France.

*Ipsos pour Avere-France

Aurélien de Meaux est cofondateur d'Electra.

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